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LETTRE D'INFORMATION |

Philippe Vitel et la politique : grand m�choui avec concours de boules

vendredi 28 mai 2004
par Saint-Just

Si son nom r�sonne comme un d�salt�rant aqueux sans go�t ni odeur, le personnage qui le porte n’est pas sans saveur. L’abondance de propagande qui entoure sa mince action rend l’�pais bonhomme rapidement indigeste. Pr�sentation.

UN Toulonnais de souche ou une souche toulonnaise ?
Philippe Vitel, c’est d’abord le fils de papa, Jean, un homme de Maurice Arreckx. M�decin g�n�raliste, Vitel p�re d�marre sa carri�re politique en 1953 dans le camp des « escartefiguistes » [1] et se fait �lire d�put� en novembre 1958. L’oncle Maurice commence sa t�che de d�politisation de l’administration municipale et « c’est dans cet esprit (...) que (ses) deux amis H. Fabre et le docteur Vitel, d�put�s du Var et �lus sur (sa) liste, ont d�cid� de ne briguer aucune �charpe d’adjoint et (...) se veulent seulement les ambassadeurs permanents de Toulon aupr�s des minist�res » [2]. En janvier 1961, papa Vitel quitte l’UNR (le parti gaulliste de l’�poque) et fait campagne pour le maintien de la souverainet� fran�aise en Alg�rie. Battu aux l�gislatives de novembre 1962, Jean Vitel devient 2�me adjoint au maire de Toulon apr�s les �lections municipales de 1965.

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Philippe Vitel a piqu� le bonnet du p�re No�l. Ce dernier, forc�ment, boude un peu : �a lui fait comme une ch�chia sur la t�te (photo Var matin)

Vitel fils est chirurgien plastique [3], docteur comme papa quoi, et d�clare appliquer « consciencieusement » l’enseignement politique que son g�niteur lui a confi�, sans pour autant profiter « d’un patrimoine et d’une r�putation familiale plut�t enviables » - cherchez l’erreur.

Philippe Vitel caresse son �lectorat dans le sens du poil : il faut flatter pour rester. C’est ainsi que notre homme parle de Toulon comme d’un « port de guerre depuis la nuit des temps, Toulon qui a donn� � la France de nombreuses pages illustres de son histoire, Toulon et sa marine qui la connecte � son c�leste destin » (www.celeste-destin.com). Qu’importe si Toulon n’est un port de guerre que depuis le r�gne d’Henri IV et s’il s’est vraiment �tendu sous Louis XIV ; qu’importe si Toulon est surtout connu pour son bagne, pour s’�tre livr� aux Anglais en 1793, pour le sabordage de sa flotte en novembre 1942 et derni�rement pour l’�lection d’un maire FN ; qu’importe enfin si Toulon doit � la Marine un funeste destin avec une ville � 50% d�truite par les bombardements lors de la Seconde Guerre Mondiale. L’histoire, hein, c’est pas sa sp�cialit�. Lui, c’est plut�t nez en PVC et seins silicon�s... Ce qui, � proximit� des plages du Mourillon, peut se r�v�ler rentable.

Le credo de l’homme de terrain de la cit� falcoise, c’est de faire vibrer l’�me toulonnaise, le « Toulosiannisme ». Philippe Vitel met en avant l’embl�me de cet esprit proprement toulonnais : le « mocco » [4]. Et tant pis, une fois de plus, si notre cher d�put� ne s’y conna�t pas en cin�ma. Pour lui Gabin, c’est « P�p� le mocco » au lieu de « P�p� le Moko » [5] et c’est un Toulonnais et pas un Parisien de la rue Saint-Martin, malgr� tout ce que peut en dire le sc�nario. Jean Gabin joue les marlous, il multiplie les casses dont le plus retentissant est celui de la banque de Toulon. Son p�re mourut guillotin� et lui meurt les menottes aux poignets. Une certaine image de l’�me toulonnaise... Mais ne soyons pas trop tatillons ! Tonton Maurice ne prenait-il pas le petit jaune avec son ami Fargette dans un des troquets de La Loubi�re ?

Un homme de terrain r�aliste ou la r�alit� d’un homme ?
Derni�re trouvaille de ce cher Vitel, qui d�cid�ment �crit comme s’il avait ajout� quelque substance plus opaque � son eau claire, « ï¿½ Toulon, on ne se rend pas, un Toulonnais ne c�de jamais, un Toulonnais se bat ». Le docteur Vitel fait sans doute r�f�rence aux g�n�rales qui �clatent dans le pr� lorsque les rugbymen locaux sont men�s au score avant la mi-temps. Mais c’est oublier la chanson de Toulon que pourtant, les supporters du Rugby Club Toulonnais entonnent par beau temps � Mayol :

S’il faut aussi retourner à la terre,
Que les Français retournent à leurs champs
Les Toulonnais iront l’allure guerrière
Jouer aux boules du Las au Port Marchand
(...)
Quand l’ennemi a décidé son rapt
Sur la marine que nous leur conservions
Merde aux Anglais plutôt que de nous battre
Si c’est ainsi, nous nous saborderons

Philippe Vitel s’investit dans sa ville. Amateur de ballon ovale, il est membre du Comit� directeur du Rugby Club Toulonnais depuis 1986, mais n’a pas pu emp�cher les d�boires financiers qui ont men� � la r�trogradation du club en Pro D2. Il est par ailleurs pr�sident du Racing Club du Las, qui conna�t lui des d�boires plus sportifs. Le d�put� Vitel aime surtout les boules : c’est le pr�sident fondateur du R�active Club Toulon Bowling et il officie comme m�decin national de la f�d�ration fran�aise de Bowling et de Sport de Quilles. Certains avancent qu’il n’h�siterait pas � prendre les Toulonnais pour des billes... Les mauvaises langues !
Au-del� de cet humanisme politique, comme il aime � d�finir son action, Philippe Vitel s’attaque � des sujets plus triviaux tels que le d�veloppement �conomique. Vitel se veut mod�r� : « La particularit� de Toulon, par rapport � d’autres ports comme G�nes ou Barcelone, c’est de poss�der les m�mes atouts, avec en plus ce p�le de Hautes Technologies », � savoir le Centre de Formation aux M�tiers de la Mer. Toulon au niveau de Barcelone : rien que �a ! Barcelone, une agglom�ration de 4 millions d’habitants, deuxi�me ville et premier port d’Espagne, capitale de la Catalogne, des Jeux Olympiques en 1992, un club de foot l�gendaire, un des centres de la culture moderne espagnole. La conne, elle ne poss�de pas de Centre de Formation aux M�tiers de la Mer pouvant accueillir jusqu’� 1000 �l�ves. C’est ballot !
On peut toutefois faire confiance en notre d�put� quant � sa capacit� � pousser le dynamisme toulonnais � son paroxysme. Selon son collaborateur parlementaire, Thierry Campus, Philippe Vitel est « un homme qui d�place les montagnes ». Gageons qu’il poussera un peu le Faron pour permettre � Toulon de s’agrandir si besoin s’en fait sentir.

Un homme de droite ou � la droite du p�re ?
Assur�ment. Philippe Vitel est encart� � l’UMP et si�ge � l’Assembl�e nationale � c�t� du tr�s droitier J.-S. Vialatte. Il aime faire mumuse avec les militaires « en treillis et rangers � l’int�rieur d’un char Leclerc (...), � bord d’un h�licopt�re Puma et en tenue de survie lourde et oppressante sur le Charles de Gaulle ». Le d�put� Vitel aime aussi les policiers et a oeuvr� aupr�s de M. Estrosi � la mise en place de la politique de s�curit� de speedy Sarko.
Comme tout homme de droite qui se respecte, Vitel est convaincu des bienfaits de la m�ritocratie. C’est ainsi qu’il promeut sa fille au titre de collaboratrice et charg�e de l’action militante UMP. Chez les Vitel, la politique, c’est une affaire de famille. Quant aux autres... « Il convient de redonner � notre soci�t� la culture du travail et de ne pas laisser s’installer l’id�e qu’en France, ceux qui travaillent le font �galement pour subvenir aux besoins de ceux qui ont fait un autre choix » [6]. Vitel et ses amis souhaitent donc ardemment faire travailler tous les fain�ants minimum 20 heures par semaine pour toucher le Revenu Minimum d’Activit�. Bien entendu, notre homme parle de l’assistance des personnes et non de l’assistanat des entreprises qui, en employant une personne au RMA, n’auront plus qu’� verser la diff�rence entre le RMI et le SMIC.

Nous avons d�j� dit que Philippe Vitel suivait les pas de son p�re en politique. Un p�re qui �tait pro-Alg�rie fran�aise et ne s’en cachait pas. Alors, fiston a sign� avec d’autres nostalgiques de la p�riode coloniale cette magnifique proposition de loi « visant � la reconnaissance de l’œuvre positive de l’ensemble de nos concitoyens qui ont v�cu en Alg�rie pendant la p�riode de la pr�sence fran�aise » [7]. Selon tous ces braves d�put�s, ce serait « en grande partie » gr�ce au courage et au go�t d’entreprendre des colons europ�ens que l’Alg�rie se serait d�velopp�e. Ah l’histoire et la litt�rature ! On comprend mieux pourquoi le jeune Vitel s’est tourn� vers la m�decine parce qu’il lui aurait suffi de lire l’enqu�te d’A. Camus sur la Mis�re de la Kabylie (1938) pour ne pas se fourvoyer dans de telles paraphes. L’esprit d’entreprise ne s’attarde pas sur ces futilit�s.

Vitel fils a bien d’autres chats � fouetter : les matous anarchistes qui portent atteinte � la s�curit� publique de notre beau pays.

« Dans les campagnes comme dans les villes, les chats se reproduisent de mani�re anarchique. Cette situation alarmante est pr�judiciable non seulement pour ces animaux souffrant de maladies et de malnutrition, mais �galement pour l’homme, victime des nuisances associ�s � toute forme de prolif�ration animale. Pour cette raison la Soci�t� protectrice des animaux s’est engag�e dans un programme de st�rilisation et d’identification des chats errants, en partenariat financier avec les mairies et les v�t�rinaires » [8]. Esp�rons tout de m�me que le brave Philippe ira consoler la m�re Michel...

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[1] En souvenir du c�l�bre Marius Escartefigue, maire de Toulon de 1904 � 1908, et de 1929 � 1940, tr�s populaire, voire populiste.

[2] Cit� dans Histoire de Toulon, M. Agulhon (sous dir.), 1988.

[3] On peut d’ailleurs se poser la question de savoir comment il peut exercer son activit� professionnelle : 3 heures de consultation par semaine et des interventions chirurgicales le vendredi et le samedi matin. Avec l’emploi du temps de d�put� et de conseiller g�n�ral qui est le sien, on se demande ce qu’il en est de sa formation continue.

[4] Un des surnoms attribu�s aux habitants de Toulon et de sa r�gion. Du temps o� le proven�al se parlait couramment, les Toulonnais, fatalistes (?), avaient, dit-on, l’habitude de r�p�ter les mots : es como co (c’est comme �a), ou em’ aco ? (et avec �a ?), ou em’ oc� qui (avec celui-ci). Les �trangers � ce dialecte n’entendaient que moco..., moco... Voir ici.

[5] P�p� le Moko, film de Julien Duvivier, 1936, avec J. Gabin, M. Balin, Fr�hel, L. Gridoux.

[6] Dans une proposition de loi.

[7] Pour un exemple de l’œuvre b�n�fique de la France en Alg�rie, lisez une brochure touristique sur S�tif en 1945.

[8] Voir le site de la LDH.

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