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LETTRE D'INFORMATION |

Ferdinand Bernhard se fait perturber le d�bat

dimanche 17 décembre 2006
par Olivier Vermert
Le maire de Sanary, charmante cit� baln�aire de la c�te varoise, tol�re les journalistes qui manient correctement la brosse � reluire. Et les autres ? Dans le monde r�v� par le grand Ferdinand, les autres n’existent pas.

POURQUOI Ferdinand Bernhard et Jean-S�bastien Vialatte, maires de Sanary et de Six-fours, se ha�ssent-il � ce point ? Rien ne les distingue vraiment hormis la taille et l’implantation capillaire. Cela confirme qu’on d�teste plus facilement ce que l’on conna�t le mieux, le rival dans le miroir, dans un m�lange d’autod�pr�ciation et de m�galomanie. Enfin, nous ne sommes pas l� pour faire de la psychanalyse de comptoir.

Si Vialatte est inscrit � l’UMP depuis les premiers jours, le franc-tireur Bernhard a rejoint l’UDF de Bayrou en 2005 pour exister politiquement. Une diff�rence de plus ? Non, car ils appartiennent en fait � la m�me droite � gourmette qui s�vit sur les rives de la M�diterran�e depuis plusieurs d�cennies. Une droite s�v�rement burn�e.
Nos deux comp�res, qui ont fait carri�re dans le dentaire ou le param�dical, sont dynamiques, imp�tueux, g�n�reux, n’h�sitant pas � balancer une petite claque salvatrice ou convoquer les CRS pour emp�cher l’installation d’une f�te foraine sur le port [1]. Ils r�vaient tous deux d’un casino et sur ce projet Sanary tient la corde. Ils salivent devant l’Assembl�e nationale et s’appr�tent � concourir, Vialatte pour conserver son si�ge et Bernhard pour le lui ravir. Ils n’ont au sein de leur commune qu’une opposition du m�me bord politique � se mettre sous la dent.

Une droite s�v�rement burn�e, disions-nous. Parce qu’il reprochait � un conseiller municipal d’opposition (UDF) de ne pas en avoir dans le pantalon, Vialatte s’est vu condamn� en septembre dernier. Depuis, les opposants six-fournais se pointent aux s�ances avec une cam�ra. La mode s’est �tendue � Sanary, o� une association "100% sanaryenne" qui pr�tend "favoriser la communication entre les Sanaryens" s’est lanc�e dans la critique constructive de l’action municipale ("Sanaryen � voir" est pilot�e par l’opposition de droite).

Vialatte et Bernhard n’aiment pas ces nuisibles qui perturbent la s�r�nit� des d�bats. Tout �a pour qu’apr�s les films circulent sur You tube comme de vulgaires comptes-rendus de tournantes au fond d’une cave. Comment se d�barrasser des g�neurs ?

Le 25 septembre dernier, le Conseil municipal de Sanary adoptait une d�lib�ration visant � la modification de son r�glement int�rieur : « les enregistrements des s�ances du conseil municipal sur des supports audiovisuels sont autoris�s. Toutefois une demande �crite d’autorisation devra �tre transmise au Maire au plus tard 72 heures avant la s�ance. En cas de r�ponse positive, les s�ances pourront �tre retransmises en direct ou en diff�r� ». Et en cas de r�ponse n�gative, les cam�ras restent � la maison, h� h�.

Pas de bol pour monsieur le maire, sa d�cision �tait contraire � la loi. L’opposition porta l’affaire devant le tribunal administratif qui lui donna raison. La droite s�v�rement burn�e allait-elle plier ?

27 novembre 2006, nouvelle s�ance de conseil municipal. La salle est comble, les cam�ras sont de retour dans l’enceinte — au moins trois, plus celle de France 3. Bernhard ouvre la session : « ...Avant de faire l’appel de la s�ance je rappelle quelques points particuliers � savoir que nous sommes dans l’exercice de la d�mocratie de repr�sentation. La d�mocratie de repr�sentation veut — c’est la Constitution fran�aise qui le dit et le pr�cise — que chacun d’entre nous assis autour de cette table est seul � pouvoir prendre la parole [sic] ». Premier incident, quelqu’un crie : « arr�tez de filmer ! D�branchez votre cam�ra s’il vous pla�t ! » Les esprits s’�chauffent. Du miel pour le maire qui passe � la phase deux du plan : « ...Une petite seconde... On va mettre les choses au clair tout de suite. Il y a quelques jours le tribunal administratif a suspendu une d�cision du Conseil municipal qui pr�cisait que, pour filmer pendant les s�ances, il fallait demander l’autorisation au pr�alable. Monsieur Bovero a eu la bonne id�e d’attaquer au Tribunal administratif cette d�cision qui l’a suspendue. Le TA a pr�cis� en termes tout � fait clairs que le droit de filmer existait mais que le maire — je cite — avait un pouvoir de police et que si le fait de filmer �tait de nature � troubler les d�bats, le maire devait user de ses pouvoirs de police. Il est clair que si des personnes souhaitent filmer, et bien il ne faut pas que �a perturbe le public ni les �lus. C’est � dire que si des personnes n’ont pas envie d’�tre film�es et qu’elles le manifestent, je consid�rerai que c’est de nature � troubler les d�bats, et donc j’userai de mon pouvoir de police.  »

Instantan�ment une nouvelle voix s’�l�ve : « je n’ai pas envie d’�tre film� ! » La querelle s’installe. Un �lu de l’opposition commente avec ses mots � lui : « monsieur le maire, je pense que ce sont des gens qui sont autour qui mettent la merde, l� ». Bernhard encha�ne dans une tirade : « Monsieur, vous parlerez quand je vous donnerai la parole. Je pr�cise donc que je consid�re que le fait de filmer est de nature � troubler les d�bats, je demande donc aux personnes qui sont en train de filmer d’arr�ter de filmer. Premier avertissement. Les personnes continuant de filmer, je fais donc r�quisition � monsieur le commissaire de police pour faire arr�ter les films, nous appelons donc monsieur le commissaire avec le sourire, tranquillement, la s�ance est suspendue en attendant, merci ».

Les pandores s’occuperont gentiment des cameras r�calcitrantes. Reste encore celle de France 3.

Apr�s avoir postillonn� sur les amateurs, un honn�te entrepreneur de Sanary s’en prend aux professionnels. La chemise ouverte sur la cha�ne en or ne suffisant pas � perturber les journalistes, Bernhard doit s’en m�ler : « depuis que je suis maire, et cela fait dix-sept ans, c’est la premi�re fois qu’ils viennent filmer un conseil municipal » [2]. Les int�ress�s lui r�torquent qu’ils ont d�j� r�alis� plusieurs reportages sur Sanary, histoire de rappeler que la t�l� r�gionale n’a pas �t� la derni�re � lui servir la soupe et que le coq n’a aucune raison de monter sur ses ergots. Ils quittent n�anmoins l’assembl�e, suivis par les �lus de l’opposition. Les d�bats d�mocratiques du conseil municipal peuvent enfin commencer.

Avant la s�ance, Bernhard avait appel� deux fois France 3 pour convaincre le r�dac-chef de ne pas envoyer d’�quipe de tournage. Et le lendemain, d�couvrant dans Var matin le compte-rendu peu am�ne de l’incident (« France 3 ind�sirable au conseil municipal de Sanary »), il harc�lera la r�daction du journal. La droite s�v�rement burn�e sait aussi geindre.

Pendant six ans de Front national � Toulon, Cuverville n’a manqu� aucun Conseil municipal ou presque, photographiant, croquant les �lus, prenant des notes pour retranscrire les d�bats. Tout au plus nous a-t-on jet� des regards circonspects. Et autant qu’on s’en souvienne, les journalistes professionnels ont toujours pu faire leur boulot correctement. Comme quoi. C’est � cela qu’on mesure la diff�rence entre de fins d�mocrates et d’obscurs fachos.

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[1] Sanary, �t� 2005.

[2] Propos rapport�s par Var matin, 28 novembre.

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