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LETTRE D'INFORMATION |

USTV : la marche funèbre

dimanche 23 octobre 2005
par Denis Collet

Après la crise printanière, célébrons la rentrée universitaire dans la joie et l’allégresse.

FINI le temps où l’équipe de direction se réunissait au Yacht Club Hôtel de Hyères, comme ce fut le cas le 21 mars dernier, pour évoquer les dossiers du jour entre deux bouchées de filet de saint pierre au sabayon de champagne gratiné. Car si le sabayon est gratiné, le déficit l’est aussi. Il a fallu attendre juin, c’est-à-dire un mois après que les médias ont commencé à s’intéresser à la gestion universitaire, pour que le personnel soit informé de l’ouverture de deux marchés imposant le régime hypocalorique par les sociétés "Allo bistrot" (apéros et buffets), et "Kyriad" (repas de travail). Un peu moins prestigieux que "Gaudefroy réceptions" et "l’Auberge provençale", mais plus sympathique pour les finances.

Oui, depuis qu’il a découvert les déboires de l’USTV en lisant Cuverville, Bruno Ravaz durcit le ton.
Le Conseil d’administration du 30 mai organise la limitation des heures complémentaires, et celui du 30 juin impose un « plan de gel des crédits ». Autrement dit, la fac récupère les fonds de caisse du campus pour tenter de régler ses créances.
En 2006, le budget des services généraux sera revu à la baisse dans les grandes largeurs : réduction des crédits alloués aux missions, à la communication, à la culture. Diminution des frais de bouche, moins de nouvelles technologies, moins de dépenses d’entretien (bâtiments et espaces verts).
Ce n’est pas tout. Les UFR [1] continueront de participer directement au redressement de l’établissement en cédant une part de leurs revenus à l’administration centrale.

Mais pour faire quoi, exactement ? Qui rembourser en priorité, quel trou combler ? Entre les nouveaux transferts de charge imposés par l’Etat à partir de 2006, les factures impayées (encore 1,3 million d’euros selon l’aveu même du Président lors du Conseil d’administration du 18 octobre 2005), et les heures de vacation non soldées, Ravaz a le choix. Et le choix est toujours difficile.
Sollicité, le Ministère a accepté de débloquer royalement une rallonge de 150.000 euros. Un chiffre ridicule, mais dont le Président se gargarise en indiquant qu’il permettra de payer d’ici fin novembre toutes les heures d’enseignement complémentaires [2] effectuées en 2004-2005. Les vacataires intéressés accueillent l’annonce avec circonspection.

...Et pendant ce temps, certaines dérives dénoncées au printemps sont toujours à l’oeuvre.
Exemple, sujet tabou : une « commission des logements » a été créée le 30 mai dernier pour calmer l’ardeur de deux ou trois élus du Conseil d’administration, qui voulaient entre autres savoir pourquoi aucun loyer n’était reversé à l’administration, alors que le campus héberge une dizaine de familles dans des logements de fonction (voir USTV : je te tiens, tu me tiens...). Cinq mois plus tard, la commission ne s’est toujours pas réunie.

Le gaspillage perdure, mauvaises habitudes, mauvais choix qui ne datent pas d’hier, qui ne sont pas tous imputables à l’actuelle équipe dirigeante.
Mais à l’automne 2005, l’USTV peut encore trouver de nouvelles raisons de ne pas faire des économies.

Comme on n’a pas de pognon, autant le dépenser quand même.

Bruno Ravaz a réussi à faire approuver par le Conseil d’administration du 18 octobre dernier la création d’une nouvelle UFR nommée « Ingemedia, sciences de l’Information et de la Communication ».
Des membres éminents de la collectivité universitaire avaient pourtant fait part de leur scepticisme quant à la pertinence et la viabilité du projet. Et comment le financer, étant donné la situation budgétaire ? En demandant des subventions à l’Etat, qui peine déjà à respecter ses engagements passés ?
Ingemedia existe déjà sous forme d’institut, c’est la citadelle de l’équipe présidentielle. A la fois base de repli et marque de fabrique. Une étoile sur la carte de visite, un refuge bâti autour du laboratoire I3M-LePont, où émargent Ravaz et le vice-président Oueslati eux-mêmes, et puis le staff, les vrais fidèles et les partenaires objectifs. « Le projet que nous présentons ici s’inscrit dans une démarche collaborative d’équipe amorcée depuis plusieurs années et porteuse d’une grande énergie », explique-t-on dans le dossier. Selon ses artisans, le nombre d’étudiants d’Ingemedia triplerait à l’horizon 2010 grâce au label "UFR". Il faudra bien leur trouver un siège, de nouvelles salles de classe, un nouveau bâtiment ? La création de l’UFR est encore soumise à l’approbation du CNESER mais peu importe, c’est l’intention qui compte.

Aussi, malgré les restrictions et au regard de ses contradictions, l’équipe présidentielle ne convainc pas sur sa capacité à diriger l’USTV.
- Incapacité à appréhender l’avenir. Gouverner, est-ce encore prévoir ? Fallait-il prévoir par exemple qu’en doublant le nombre de contrats d’établissement, on allait aussi à peu près doubler la charge financière ?
- Incapacité à rassembler et à soutenir les salariés. Quand il ne s’occupe pas de sa promotion personnelle, Bruno Ravaz ne sait communiquer que par réaction et donc, de façon négative. En culpabilisant le personnel. Pour se défendre contre l’Etat, mauvais payeur. Contre les dirigeants de l’UFR Sciences qui ont organisé la grève étudiante de rentrée. Contre l’agent comptable qui ne le tiendrait pas au courant de la situation financière. Contre les articles diffamatoires de Cuverville. Contre tous ces crétins qui ne comprennent rien.
- Incapacité à respecter le bon fonctionnement des instances décisionnelles. Le Conseil d’administration refuse d’approuver le compte financier 2004 ? Qu’à cela ne tienne, on le soumet une nouvelle fois en blindant l’effectif (CA des 30 mai et 29 juin). Les documents présentés au Conseil d’administration pour une décision budgétaire modificative sont truffés d’erreurs ? Qu’à cela ne tienne, on vote quand même la DBM, sans rien changer aux documents (CA du 18 octobre).
- Incapacité à monter l’exemple, les précédents articles en faisaient état.
- Incapacité à défendre correctement l’établissement. Le 18 octobre, la voix chargée d’émotion, Laroussi Oueslati réussissait à convaincre le Conseil d’administration de voter une motion : « demandons au Ministère de donner les moyens à l’université d’assurer ses missions de service public ! » Notons que la fac de Rouen, confrontée comme les autres à l’incurie gouvernementale, a réussi à obtenir un million d’euros du Ministère par un mouvement de protestation organisé et largement soutenu. A chacun ses ambitions.

Comment la situation pourrait-elle s’améliorer ? Face à Ravaz, les prétendants au trône fourbissent les armes et voilà sans doute une complication supplémentaire : le calendrier électoral n’est pas favorable à un changement très rapide. Le renouvellement du Conseil d’administration doit avoir lieu d’ici la fin de l’année. C’est ce nouveau CA qui élira le successeur de Ravaz, bien plus tard. Le rectorat laissera probablement faire les choses, lui qui aimerait si peu gérer la tutelle de l’établissement.
Les candidats ne manqueront pas. Les alliances se préparent. Certains téléphones portables payés par l’université en crépitent d’aise. Les stratégies sont variables.
Il y a le directeur de l’UFR Sciences qui soutenait la grève de son personnel et des étudiants avant de se rétracter quelque peu.
Il y a le directeur de l’IUT qui a demandé implicitement à ses profs et administratifs, à l’occasion de la réunion de rentrée, de patienter pour lui laisser le temps de mettre au point une liste et un programme [3].
Et il y en a bien d’autres.

Bon courage à ceux qui hériteront du tas de cendres.

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[1] Unités de Formation et de Recherche.

[2] Ou heures de "vacation", comptabilisées hors charges statutaires des titulaires.

[3] Ce dernier n’envisageait pas de faire descendre les étudiants dans la rue, même si les conditions de travail deviennent de plus en plus dures (commandes de matériel quasi-impossibles), parce que ceux de l’UFR Sciences y étaient déjà et qu’on n’allait pas mélanger les torchons et les serviettes.

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  • La rente Microsoft 23 octobre 2005, par


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