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LETTRE D'INFORMATION |

Philippe Vitel dans les fanges de la droite

dimanche 10 octobre 2010
par Saint-Just

Il y avait longtemps que nous n’avions pas chatouill� le d�put� de la 2e circonscription du Var, M. Philippe Vitel. Trop longtemps. Nous l’avions abandonn� au graillon d’un m�choui dont les flammes ne s’�taient pas �teintes. Elles ont m�me trouv� depuis un nouveau souffle, et qu’est-ce que �a pue !

LE 3 juillet dernier, Philippe Vitel organisait au domaine du ch�teau de Tourris un de ces grands m�chouis dont il a le secret. Outre son fan club habituel, le d�put� avait convi� son ami Jean-Fran�ois Cop�, pr�sident du groupe UMP � l’Assembl�e nationale, le m�le dominant Hubert Falco, la gentille Genevi�ve L�vy, le s�millant Jean-pierre Giran, la martiale Christiane Hummel et l’immortel Fran�ois Trucy. Que du beau monde ! Les repr�sentants de la Nation ! Tout �a avant d’allumer l’incendie de l’�t� !

Vitel et l’eau dans le gaz

Derri�re son air bonhomme, Philippe Vitel cache un vrai patriote, toujours pr�t � affronter l’ennemi venu de l’�tranger, enfin de l’Est, � moins que ce ne soit du Sud. N’est-ce pas lui qui, derni�rement, offrait au pauvre RCT un minibus afin que les minots toulonnais puissent essuyer leurs crampons sur le nez morveux des m�t�ques de la Vall�e du Gapeau ? N’est-ce pas lui l’ami de Nicolas Sarkozy, cet homme courageux qui a d�truit le mur de Berlin ï¿½ la seule force de ses mocassins � glands ? N’est-ce pas lui qui, sur la photo, enlace tendrement le Dala�-lama, ce seigneur eccl�siastique opprim� par les m�chants Chinois communistes ?

Le patriotisme de Philippe — permettez que je l’appelle Philippe, les Italiens lui donneraient du Pipo mais en fran�ais �a ne sonne pas pareil, le patriotisme de Philippe donc, n’a fait qu’un tour cet �t�, pour le 14 juillet pr�cis�ment, quand son ami le d�put� vauclusien Thierry Mariani lui a demand� de rejoindre la Droite populaire, comme Maryse Joissains l’avait fait avant lui, et aussi le professeur Lionnel Luca, ou encore Christian Vaneste. Philippe a aussit�t brandi sa plume pour parapher l’appel et rejoindre ses augustes camarades d�put�s.

Inspiratrice du discours de Grenoble, cette phalange droiti�re affiche clairement ses id�es sur son site internet. « Le collectif de la droite populaire croit en la Nation, seul cercle d’appartenance � la fois � l’�chelle de l’homme et � l’�chelle du monde. Nous souhaitons la promouvoir comme gage de stabilit� entre les peuples et comme �l�ment fondamental de notre identit� ». Remplacez Nation par Patrie, et vous retrouverez l’atmosph�re de margarine et de rutabaga du d�but des ann�es 40. « Le collectif de la droite populaire croit en la libert� d’entreprendre, au travail, au m�rite et � l’effort ». L�, chers lecteurs, vous n’avez pas besoin de changer les mots. Il ne manque plus � ces d�put�s que d’imaginer une suite aux Chantiers de la jeunesse fran�aise pour r�soudre le ch�mage. « La droite populaire croit en la famille, pilier qui garantit la solidit� de notre coh�sion sociale ». Nation, travail, famille : le tierc� dans le d�sordre.

T�lescopage de l’actualit� : ce weekend (2 octobre 2010), on a la confirmation que le Mar�chal P�tain �tait vraiment antis�mite, alors qu’un projet de loi sur l’immigration est toujours en discussion � l’Assembl�e nationale. Ce projet est pr�sent� par l’incontournable Thierry Mariani. Sa coll�gue Arlette Grosskost, d�put�e UMP d’Alsace, qualifie la politique gouvernementale en la mati�re de « gesticulation qui vise � exacerber un populisme primaire ». Un autre d�put� UMP, Etienne Pinte, estime lui que « la loi Besson porte atteinte � la Constitution ». Les deux r�calcitrants ne sont �videmment pas signataires de la Droite pop’.

Et tandis que l’ancien socialiste Besson explique que « si [s]on minist�re peut �tre une machine � fabriquer de bons Fran�ais, [il sera] tr�s heureux », Mariani se dresse comme le porte drapeau de cette droite de bon go�t qui souhaite ass�cher le discours FN en le reprenant � son compte. Petit fils d’immigr� italien, il s’est fait �lire sur une terre frontiste, le Vaucluse. Sa rh�torique est bien huil�e, de l’huile de coude qui se l�ve au caf� du commerce. Pour lui, « il y un probl�me d’int�gration [...] , aujourd’hui il n’y a plus de miracle il faut s’en occuper, les distances culturelles avec les immigr�s d’aujourd’hui sont plus grandes que les immigr�s d’hier ». Pour lui, c’est clair, « l’immigration doit �tre contr�l�e et ma�tris�e ». Quoi qu’il puisse en penser, c’est exactement le discours que tenaient les patriotes de jadis quand les a�n�s de Mariani sont arriv�s pour manger le pain des bons fran�ais et violer leurs filles dans les caves.

Le s�nateur radical des Bouches-du-Rh�ne et vice-pr�sident du Conseil sup�rieur de la main-d’oeuvre, Louis Pasquet, d�clare en 1926-1927 que le probl�me du ch�mage se complique de celui de l’immigration. Pourquoi ? Selon lui, parce que si elle r�pond � des « besoins in�luctables », l’immigration comporte certains p�rils dont celui d’« affaiblir l’originalit� et la puret� de la race ». L. Pasquet ajoute que l’immigration « risque, en tout cas, si elle est mal r�gl�e, de provoquer � l’int�rieur du pays de graves conflits politiques et sociaux ». Et pr�conise que « si l’on veut assimiler les immigr�s, il faut d’abord s�lectionner le recrutement ».

S�lection, puret� de la race hier. Immigration choisie et bons Fran�ais aujourd’hui. Il est � noter que de ce point de vue Philippe Vitel et Louis Pasquet sont proches : ils se r�clament tous deux du Parti radical -- eh oui ! Mesdames et messieurs, Philippe est adepte du cassoulet -- et s’int�ressent de tr�s pr�s � l’immigration.

Vitel ne soutient pas seulement le credo « travail, famille, patrie », il embrasse un projet plus large, d’aucuns diraient d’une rare envergure et d’une c�leste modernit�. La droite pop’ d�fend « les forces de l’ordre qui repr�sentent l’�tat de droit et la justice qui applique, au nom du peuple fran�ais, avec fermet� et justesse, des sanctions indispensables ». Comprendre que c’est la police qui fait appliquer l’�tat de droit. Mais comme on dit : dans un �tat de droit, c’est � la justice de dire le Droit, et pas l’inverse. Mariani, Vitel et consorts croient �galement « en la gestion rigoureuse des deniers publics et en l’indispensable r�duction de la dette », bref ce sont des partisans de la gestion en bon p�re de famille, � la Pinay, l’�conomie � papa et surtout pas � maman � qui on a laiss� le droit de signer les ch�ques et depuis c’est la d�bandade. Enfin, « le collectif de la droite populaire croit en la France ind�pendante, ma�tresse de ses d�cisions, puissance d’�quilibre aux yeux du monde et en une Europe forte, fond�e sur les peuples ». Il faudrait pr�ciser : une France qui ouvre des comptoirs en Chine, �duque l’homme africain, et une Europe d’avant 1914.

Le porc d’attache

Vitel fr�quente bien des clubs, comme celui du M.I.L (Mouvement Iniative et Libert�). Nous reprenons le portrait de ces gaullistes d’extr�me-droite bross� par les journalistes du Monde.

Le M.I.L est une association cr��e en d�cembre 1981, structure de repli aux gaullistes terroris�s par l’arriv�e de la gauche au pouvoir. « Ainsi, ils n’ont pour r�f�rence id�ologique que le G�n�ral de Gaulle dont ils d�fendent l’h�ritage d’une fa�on un peu particuli�re. "Presque toute la droite �tait sentimentalement, voire visc�ralement, attach�e � l’Alg�rie fran�aise. De Gaulle aussi, probablement. Pourtant, il s’agissait d’un ang�lisme utopique : qui se r�jouirait aujourd’hui que 35 millions de musulmans fussent citoyens fran�ais � part enti�re ?" […] Organisation groupusculaire, le MIL n’en demeure pas moins un mouvement associ� � l’UMP et chouchout� par les dirigeants du parti pr�sidentiel. Ainsi, le secr�taire g�n�ral de l’UMP, Xavier Bertrand, s’y exprime r�guli�rement ainsi que Mich�le Alliot-Marie. Pourtant, les positions politiques d�fendues par le MIL sont pour le moins radicales, plus proches du FN que du discours officiel du parti de Nicolas Sarkozy.

Dans son manifeste, mis � jour en novembre 2009 et disponible sur son site, l’on peut voir que les deux obsessions principales de ces gaullistes sont la gauche et l’islam. Ainsi, les militants du MIL [...] estiment que “tout retour au pouvoir de la gauche est une rechute dans une maladie pernicieuse et porte un coup tragique et quasi-d�finitif au redressement de la France”. Plus loin, �voquant le marxisme : “Cette drogue id�ologique, inject�e � doses massives pendant plusieurs d�cennies, continue � faire sentir ses effets dans l’organisme de la soci�t� fran�aise”. A en croire le MIL, la gauche serait au pouvoir dans l’�ducation [...], les m�dias [...] ou encore la justice. En ce qui concerne l’islam, le MIL y voit “un probl�me sp�cifique grave”. “Les difficult�s et les violences s’aggravent au fil des g�n�rations”, peut-on lire dans le manifeste. “Le point crucial, c’est que ces quelques millions de personnes bien d�cid�es � conserver leur propre fa�on de vivre et de penser, voire � les imposer de fa�on plus ou moins pressante ou agressive, sont pour la plupart unies par un ciment puissant : l’islam". […] La solution du MIL ? “Il faut le circonscrire et l’endiguer en limitant tr�s strictement les nouvelles arriv�es. […] Nous devons r�affirmer la pr��minence de nos traditions, de nos moeurs, de nos pratiques culturelles sans tol�rer qu’elles soient alt�rer par des pressions externes”. Le Mouvement initiative et libert� reste la derni�re survivance d’un gaullisme radical, qui flirte tr�s clairement avec l’extr�me droite. En effet, l’autre symbole de cette �poque, l’Uni (association universitaire issue du SAC rassemblant professeurs et �tudiants) vient de se fondre dans le “Mouvement �tudiant” (MET), la nouvelle organisation jeune de l’UMP. »

A quoi bon �tre d’extr�me droite, quand on peut �tre UMP ?

On enterre bien les sous-marins

Nous ne voudrions pas sous-estimer l’action parlementaire du d�put� Vitel, �l�ment moteur des indispensables r�formes de notre pays. Tenez, le 15 juin dernier, alors que Draguignan essorait ses serpilli�res, il devenait membre fondateur du Cercle des Eaux Min�rales Naturelles (CEMIN). Quinze jours plus tard, le 29 juin, il lan�ait l’Amicale parlementaire des Jeux et Sports traditionnels (une belle action qui n’emp�chera malheureusement pas la France d’�chouer au Mondial de foot). Le 2 juillet, soit la veille de son important m�choui annuel, Philippe est pr�sent � l’inauguration du cours Lafayette, march� � ce jour toujours en travaux.

Notre d�put� sait aussi s’envoler hors de nos fronti�res gr�ce � ses missions aupr�s de l’Otan — ne cherchez pas � comprendre comment un soi-disant gaulliste de la Droite Populaire et du MIL accepte de participer � une institution de laquelle de Gaulle avait fait sortir la France.

Il a particip� en avril 2007 � une mission parlementaire au Pakistan avec pour objectif le rapprochement des relations �conomiques politiques et strat�giques entre la France et ce dangereux pays. Comme il le dit ur son site internet, « le Pakistan est un partenaire tr�s ancien en terme d’industrie et de d�fense et il �tait n�cessaire de faire le point avec leurs dirigeants au moment o� DCN est en concurrence avec un chantier allemand pour renouveler le parc de sous-marins de la Marine Pakistanaise ». Deux jours avec le Secr�taire G�n�ral du Minist�re de la Production de D�fense, le Ministre de la D�fense, le Chef d’Etat Major de la Marine et le Pr�sident du Comit� des Chefs d’Etat Major. Philippe a rencontr� � ce moment-l� les Pr�sidents des deux assembl�es parlementaires et a pu �changer avec de nombreux d�put�s et s�nateurs pakistanais. Il s’est rendu � Karachi et y a visit� les installations de la DCN. Le d�put� pr�cise sur la toile que « la mission s’est achev�e par un d�p�t de gerbe au monument comm�moratif, �rig� � la m�moire des victimes du terrible attentat du 8 mai 2002 qui a cruellement endeuill� notre pays et notre industrie navale ».

Mais ce m�me d�put�, signataire d’un texte dans lequel il affirme aimer « la France ind�pendante, ma�tresse de ses d�cisions, puissance d’�quilibre aux yeux du monde », qui se dit « solidaire et intimement li� aux Fran�ais �tablis hors de France », qui lutte contre les fraudes « qui fragilisent le lien social et la solidarit� nationale », a-t-il pens� � demander aux hauts-dignitaires de l’Etat pakistanais de lui communiquer quelques informations sur d’�ventuelles r�tro-commissions concernant la vente de sous-marins et le financement de la campagne d’Edouard Balladur ? En tant que vice-pr�sident de la commission de la d�fense nationale et des forces arm�es, et vice-pr�sident du groupe d’�tudes D�fense � l’Assembl�e nationale, Philippe Vitel pourrait-il avoir acc�s � certaines donn�es class�es « Confidentiel-D�fense » ? Tout d�pendra certainement des suites donn�es � l’enqu�te. Le juge Van Ruymbeke d�sire pousser plus loin ses investigations mais le Parquet a d�cid�, ce 8 octobre, de faire appel de la d�cision du juge, ce qui suspend l’instruction. Pourtant, � en croire les enqu�teurs, l’arr�t du versement des commissions sur la vente des sous-marins au Pakistan pourrait �tre � l’origine de l’attentat contre les salari�s de la DCN qui travaillaient � la construction des sous-marins � Karachi. L’attentat fit quinze morts, dont onze Fran�ais de la DCN, et aurait �t� maniganc� par l’arm�e pakistanaise elle-m�me en repr�sailles de l’arr�t du versement des commissions en 1995. [1].

...

Tiens, qui voil� ? Mais c’est notre d�put� ! Il se concentre, court, l�ve le bras en arri�re. jette une boule vers le lointain. Que fait-il ? -- Tu dis quoi ? Tu t’entra�nes pour la Coupe du Monde de bowling qui se tient ce mois-ci � La Garde ? Ah oui ! Alors, faut cirer tes chaussures rouge et bleu, et lustrer ta boule. La politique n’attend pas.

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[1] Retrouvez l’ensemble des articles de Rue89 sur l’attentat de Karachi en cliquant sur ce lien

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