APR�S l’annonce du rachat par GHM (Hersant) des journaux du groupe Nice-matin, les lecteurs restaient vigilants sur un certain nombre de points.
Deux mois plus tard, l’inqui�tude se dissipe. Les d�rives embl�matiques de l’�poque Lagard�re (sensationnalisme, sarkozysme, �parpillement commercial) ne devraient pas marquer la nouvelle �re. Les choses �voluent dans le bon sens comme le laissait esp�rer le PDG Michel Comboul (« [ce rachat] est une tr�s bonne nouvelle [...] Le groupe Nice-matin [...] occupe une place essentielle dans un dispositif subtil qui contribue � l’expression de la d�mocratie locale [...] Oui, nous croyons en l’avenir de la presse �crite. » [1]).
Sur le sensationnalisme : depuis ao�t, les Unes tapageuses et racoleuses ont d�sert� Var matin. Le trash, c’est fini.
Prenons un fait divers quelconque en guise d’exemple : en juillet dernier, un automobiliste irascible s’impatiente derri�re un v�hicule qui peine � trouver son chemin dans le centre de Pierrefeu (Var). Il finit par sortir de son v�hicule et s’en prend au conducteur ind�cis. Altercation. L’acrimonieux mord tr�s fort le doigt de son interlocuteur, � tel point qu’il le sectionne et doit recracher deux phalanges. Berk. R�sultat : en septembre, la justice le condamne � quatre mois de prison.
Pour un tel fait divers, Var matin ancienne formule n’aurait pas h�sit� � verser dans le hardcore, � ensevelir l’information sous les falbalas putassiers. Var matin nouvelle formule pr�f�re la sobri�t� (Une du 29 septembre) :
Sur le sarkozysme aigu dont souffrait la presse Lagard�re (n’oublions pas qu’Arnaud est le fr�re du Pr�sident) : d�sormais, les journalistes du groupe Nice-matin font bon usage de leur libert� de penser retrouv�e. Bon d’accord, Sarkozy continue d’�tre omnipr�sent en titre, en chapeau, en article, en photo et en cartouche mais cela n’a plus rien � voir avec des histoires d’accointance et de taillages de pipes. Non, cela tient simplement � la r�alit� de l’info. On ne peut pas reprocher aux journalistes de faire leur job, on ne peut pas leur en vouloir si Sarko rime avec Actu. C’est aussi simple que �a, et tous les m�dias sont log�s � la m�me enseigne.
En fait, la r�daction de Nice-matin a toujours �t� ind�pendante de Lagard�re. Et ce n’est pas parce que le groupe ne lui appartient plus que les journalistes vont stigmatiser l’ancien patron. Pas d’animosit� � son �gard, aucun ressentiment qui t�moignerait d’une frustration quelconque. L’occasion de "se le faire", comme disent les gens acrimonieux, s’est pourtant pr�sent�e, et quelle occasion ! Le 3 octobre �clatait un scandale d’�tat avec le rapport de l’Autorit� fran�aise des march�s financiers qui accuse une vingtaine de dirigeants d’EADS, dont Arnaud Lagard�re, de d�lits d’initi�s massifs. Qu’importe. Malgr� l’importance de l’affaire, Var matin n’a pas jug� opportun d’y faire r�f�rence en premi�re page. Le 4, le quotidien c�l�bre la victoire de l’Olympique de Marseille � Liverpool. Un article est toutefois consacr� au dossier en page int�rieure, avec un �ditorial abscons de l’�conomiste Jean-Louis Gombeaud qui s’ach�ve sur ces mots : « on ne voit pas pourquoi un responsable bien plac� et bien inform� se priverait de vendre ses actions gratuites au bon moment ».
Enfin, concernant le recentrage des activit�s du groupe autour du journalisme : l� aussi, nous pouvons �tre optimistes. Information et d�mocratie locale demeurent plus que jamais les deux mamelles de la presse quotidienne r�gionale. « Nous avons le sentiment de bien remplir cette mission en nous tournant de plus en plus vers la proximit� », plaide Comboul [1]. Propos confirm� par ce message � caract�re informatif venu polluer notre bo�te � lettres �lectronique voici quelques jours (si vous doutez de son authenticit�, le lien est ici) :
Br�ve initialement publi�e le premier octobre, mise � jour le 4.
[1] Var matin, 20 juillet 2007.