LE Togo va mal. Jeudi 31 mars à 13 h 30 environ, heure de Lomé, en face de l’école primaire privée laïque La Liberté, la Gendarmerie arrête sa fourgonnette en pleine voie, bloque la circulation. Les agents en uniforme orientent leurs fusils sur les jeunes qui regardaient le spectacle de la rue par-dessus la clôture de leur maison. Les gendarmes tirent plusieurs coups avant de reprendre leur chemin.
Dans les rues de la capitale, c’est le branle-bas total. Sur l’artère principale Lomé-Cotonou, le passage est très difficile. Beaucoup de pneus brûlés, de voitures carbonisées, de robustes troncs d’arbres abattus pour faire obstruction aux usagers de la route, beaucoup de briques aussi.
Les hommes en uniforme que nous avons questionnés sur les raisons de ces dégâts n’ont pas voulu nous renseigner. « On nous a envoyés pour riposter seulement. On ne sait pas ce qu’il y a. Il faut demander vous-mêmes aux gens », a répondu l’un des agents qui nous avaient signifié l’interdiction formelle de prendre des photographies. Néanmoins, tous les citoyens que nous avons interrogés ont été unanimes sur les causes du mécontentement des jeunes. Il semblerait que nombre d’entre eux ne soient pas parvenus à obtenir leurs cartes d’électeurs malgré de multiples tentatives. Et la date butoir pour entrer en possession de cette carte était fixée au mardi 5 avril.
Si beaucoup de citoyens n’ont pu retirer leurs cartes d’électeurs, nous a-t-on expliqué, c’est parce que Lomé est le fief de l’opposition. Alors, comme le candidat de l’armée doit gagner à tout prix le 24 avril prochain, il faut prendre les mesures très tôt.
Sylvestre Djouamon