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LETTRE D'INFORMATION |

Crise du foncier pénitentiaire en terre varoise

mardi 3 mai 2005
par areuh

Six mois auront suffit pour remplir la prison de La Farlède, située à 10 kilomètres de Toulon. Un bâtiment neuf qui devait régler les problèmes de surpopulation de la vétuste maison d’arrêt de Toulon Saint-Roch.
Mais pour éviter que les 340 détenus transférés ne se sentent trop seuls, les prisons de la région ont participé au remplissage du nouveau Centre pénitentiaire en se délestant de leur trop-plein. Ainsi, on flirte en ce mois de mai 2005 avec le chiffre fatidique de 720 détenus. Chiffre au delà duquel les boites privées qui gèrent les parties rentables de l’établissement demandent une rallonge.

UN endroit existe à Toulon où on peut encore enfermer des personnes, et c’est justement l’ancienne maison d’arrêt de St-Roch, vouée à la démolition fin 2006. La Cité Judiciaire prévue en remplacement devrait fonctionner fin 2009.

En décembre 2004, le Ministère de la Justice avait demandé à la municipalité toulonnaise, en échange de la cession du site de St-Roch à la ville, la mise à disposition d’un "lieu" de 40 à 60 places pour un quartier de semi-liberté. Il est probable, d’ailleurs, que l’on passe de 60 à 100 places. Le maire H. Falco restant très discret jusqu’à ce jour, une rumeur circule (que peut-elle faire d’autre ?) : les "semi-liberté" pourraient se retrouver à La Garde... Pour être bien gardés ? Hum.

Après l’ouverture du Centre de La Farlède et avant celle de nouveaux locaux spécifiques, St-Roch devait accueillir les détenus en semi-liberté. 60 au maximum. Début avril, ils étaient 10... Pour 62 pensionnaires en tout. Les 52 autres prisonniers viennent de Nice et de La Farlède, ce sont des "fin de peine" ; il leur reste à purger entre 1 et 2 mois avant leur libération. Ces transferts permettent au Centre de La Farlède de ne pas dépasser les 720 détenus. Il est à noter qu’aucun service médical ne fonctionne sur place. La loi Perben II qui devait vider les prisons françaises ne peut rien contre le flux de remplissage qui ne connaît pas de pause. Il y aurait 200 incarcérés de plus sur la Région depuis décembre 2004.

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Une cellule du Centre de La Farlède

Les dix premiers mois du Centre Pénitentiaire de La Farlède ont été assez mouvementés. Plusieurs blocages sans violence à la remontée des promenades, toujours pour les mêmes raisons. La sévérité excessive du Juge d’Application des Peines (JAP) pour son rejet, considéré presque systématique, des demandes de permission ou de liberté conditionnelle. Les détenus sont en grande majorité originaires d’autres Centres dans lesquels, selon les témoignages, les JAP étaient beaucoup moins durs. Autres demandes : la possibilité de faire du sport (trop longue attente pour le moment), la réduction des délais pour rencontrer le dentiste (ex : si vous souffrez d’une dent au réveil, il vous faudra faire une demande manuscrite, la déposer dans une boite relevée dans la journée. Dans le meilleur des cas on vous donnera des calmants d’ici ce soir. Vous ne verrez le dentiste que deux mois plus tard). Les revendications portaient aussi sur le nombre d’activités.
Si les premiers blocages ont été réglés par un travail d’écoute et de communication assuré par le directeur (celui-ci n’est pas responsable du JAP), les derniers en date, des 27 et 28 mars 2005, ont été conclus brutalement par l’entremise d’une Équipe Régionale d’Intervention et de Sécurité (E.R.I.S). Sur le site de la Ligue des Droits de l’Homme de Toulon un détenu rapporte la brutalité de ces interventions ; un autre témoignage parvenu à l’Observatoire International des Prisons parle de cinq tirs de fusil à pompe en l’air. Quand les détenus demandaient plus de sport, ils ne s’attendaient pas à être initiés au ball-trap...
Malgré ces blocages, relayés par la presse locale, il est à noter qu’aucun député ou sénateur ne s’est pointé au centre de détention comme la loi le leur autorise. Il est loin le temps où la prison était décrite comme « la honte de la République » par les élus de l’Assemblée Nationale et du Sénat.

Depuis dix mois on compte un suicide, la mort d’un autre détenu de nationalité tunisienne, une tentative de pendaison (un homme de 30 ans ayant de graves problèmes psychiatriques) évitée de justesse par le personnel pénitentiaire, des grèves de la faim...

A la décharge de la Direction du Centre, le passage de St-Roch à La Farlède n’a pas été simple. Il faut du temps pour trouver le meilleur fonctionnement, et surtout il faut des moyens, tant au niveau du personnel que sur le plan financier. Nombreux sont les détenus souffrant de troubles psychologiques ou/et de toxicomanie, demandant l’accompagnement de spécialistes en psychiatrie qui ne sont pas assez nombreux.

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