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Huit ans de solitude au Parquet de Toulon
(01/03/2004)
Toulon, les ann�es de plomb
(20/02/2004)
Apr�s le t�l�thon, le gardavuthon
(22/12/2002)
Comment on remplit St ROCH
(19/10/2002)
"Racailles !"
(08/10/2002)
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Le suicide : un bon moyen pour lutter contre la surpopulation carc�rale samedi 14 février 2004 par areuh Le Comit� europ�en pour la Pr�vention de la Torture (CPT [1]) avait d�j� visit� les prisons fran�aises en 2000, et le constat n’�tait pas brillant. La sortie d’un livre de V�ronique Vasseur qui souleva moult remous, M�decin-chef � la Sant� [2], et les r�sultats d’une commission d’enqu�te s�natoriale, reconnaissant l’urgence de changer un syst�me p�nitentiaire peu en rapport avec les pr�tentions de notre pays en mati�re de civilisation, laiss�rent esp�rer un avenir meilleur pour les pensionnaires des ge�les de la R�publique. Mais les d�put�s et s�nateurs de droite ayant particip� � cette commission se sont mis en sourdine sur le sujet (sauf soeur Boutin) d�s qu’ils ont retrouv� le pouvoir ; seuls quelques �lus de gauche osent encore affirmer l’urgence d’une r�forme p�nitentiaire et p�nale. n 2003, la politique « Tol�rance z�ro » (sous-entendu : pour les gueux) a caus� des d�g�ts tr�s visibles, impossibles � cacher : surpopulation carc�rale insupportable, nombre de suicides de prisonniers en nette augmentation. Peut-on comptabiliser les 122 suicid�s de 2002 (un tous les trois jours) comme des condamn�s � la peine de mort ? Alert�, le CPT revient, visite trois prisons - les maisons d’arr�t de Loos (Nord), Saint-Roch (Toulon) et le centre p�nitentiaire de Clairvaux (Aube) - alors que la France d�passe pour la premi�re fois depuis la Lib�ration son record en nombre de d�tenus. 60000 pour 48603 places.
D’apr�s le groupe local de l’Observatoire International des Prisons (OIP), lors de la visite du CPT � la maison d’arr�t de Toulon Saint-Roch (construite en 1927), le taux de remplissage atteignait 250%, soit 145 places pour 350 d�tenus. Trois, voire quatre personnes sur 9 m�, la derni�re dormant sur un matelas plac� au sol, enferm�es ensemble 22 heures par jour quand on a enlev� les deux heures de « promenade ». Comble du raffinement : un WC avec une cloison fragmentaire, int�gr� aux 9 m� et deux, voire une seule douche par semaine (pour cause de manque de personnel). L’�t� dernier, il faisait 40° dans certaines cellules. Bien s�r, le d�tenu ne choisit pas ses colocataires, le plus « faible » devient quelquefois l’esclave du ca�d, rendant l’enfermement insupportable. Difficile de se reconstituer, d’imaginer se r�ins�rer dans de telles conditions. Le r�sultat est effrayant, deux adultes sur trois r�cidivent � la suite d’une peine [3]. Constat : la prison cr�e sa propre d�linquance. Elle permet en quelque sorte une « formation professionnelle », des stages de perfectionnement pour jeunes paum�s en recherche de n’importe quelle reconnaissance. M�me celle procur�e par l’exhibition de son pedigree dans le quartier. Il y a trop de petites peines (moins d’un an) qui encombrent les prisons. Ces enfermements pourraient �tre remplac�s par des peines alternatives car l’emprisonnement ne r�gle en rien le pr�judice subit par la victime, ni les amendes difficilement acquittables par ceux qui sortent de prison. Un Travail d’Int�r�t G�n�ral (TIG) aurait plus de sens et ne co�terait rien � la soci�t�. Mais mettre en pratique un TIG demande beaucoup d’efforts (il faut embaucher des personnels pour trouver les chantiers, des travailleurs sociaux qui encadrent...), alors le juge sous pression (de son minist�re et de l’opinion publique) enferme en quantit�. De r�centes lois lui donnent acc�s � une nouvelle client�le : jeune squatter de cage r�cidiviste, marginal n’ayant pas pay� trois fois d’affil�e son billet SNCF, mendiants (avec chiens) agressifs... Les prisons ont de beaux jours devant elles. On ne s’�talera pas sur la part de population carc�rale atteinte de troubles psychiatriques [4], souvent causes de violence envers le personnel p�nitentiaire et les autres d�tenus. Pratiquement pas suivis durant leur incarc�ration et l�ch�s dans la nature � leur lib�ration, pr�ts � l’emploi pour la r�cidive. Financi�rement parlant, un d�tenu « co�te » environ 100� par jour � la soci�t�, 3650� par an. 60000 d�tenus co�tent donc annuellement 219 millions d’euros. Si les peines alternatives (TIG, bracelet �lectronique, semi-libert�...) �taient appliqu�es, les d�tenus seraient moins nombreux et l’on n’aurait pas « besoin » de construire de nouveaux centres de d�tention. C’est uniquement un choix politique. Fran�ois Carlier, cadre de l’OIP Paris, accompagn� de Gabi Mouesca (membre du CA), a pr�sent� Le rapport 2003 des prisons fran�aises au Caf� Culture toulonnais le 6 f�vrier ; il parle de « descente aux enfers » pour d�crire les conditions de d�tention. Perben a dit, en citant ce rapport, qu’il avait �t� �crit par des « agit�s »... Et il accuse le rapport de comporter des inexactitudes. Il devrait pourtant se m�fier, car suite � des pr�c�dents travaux du Comit� europ�en, la France a �t� condamn�e par La Cour europ�enne des Droits de l’Homme, en particulier sur la longueur de certaines pr�ventives. Le point de vue des surveillants p�nitentiaire n’est pas loin de cette ligne. Paul Adjedh, secr�taire r�gional CGT P�nitentiaire : « Ce n’est pas avec la politique du "tout le monde en taule" que l’on va r�gler le probl�me. En ce moment, n’importe qui entre en prison et ce n’est pas les parrains de la mafia. Il s’agit de ce qu’on appelle le menu fretin [...] Comment peut-on dans ces conditions d’enfermement r�concilier ces jeunes [adultes] avec la justice ? On oublie que la prison est une privation de la libert�, mais pas de la dignit� » (La Marseillaise, 29/02/04). R�cemment encore, lorsque le probl�me de la v�tust� de St-Roch �tait mis sur le tapis, l’Administration P�nitentiaire r�torquait que l’inauguration de la prison de La Farl�de allait r�gler tous les probl�mes. Sujet contredit par les chiffres : d’apr�s Paul Adjedh, avant d’�tre termin�e, elle est d�j� pleine. A-t-on trop de d�linquants ? Les d�lits contre les personnes sont stables, ceux contre les biens augmentent. Mais c’est comme pour le nombre de ch�meurs, c’est surtout la comptabilit� qui a �volu�. A-t-on assez de forces de l’ordre ? En 1999, le pays des droits de l’homme comptait un policier ou gendarme pour 252 habitants, contre 283 en Italie, 296 en Allemagne et 310 au Royaume-Uni. Ce chiffre ne tenait pas compte du d�veloppement exponentiel des polices municipales qui par une loi de 1999 peuvent porter une arme, ni des vigiles aux molosses agressifs, pr�ts � �tre l�ch�s sur tout ce qui ne ressemble pas � la norme en vigueur. Et encore moins des futurs fonctionnaires prescrits par Sarko. En saupoudrant le tout de militaires engag�s p�riodiquement � l’occasion du plan Vigipirate, on ne se retrouve donc pas en �tat de manque. L’ennemi est d�sign�, l’�tranger, surtout le sans papier ; le jeune, surtout issu de cit� de banlieue ; le pauvre, surtout si, contraint, il vit d’exp�dients. Tiens, ch�tions la mis�re ! Lo�c Wacquant est sociologue, il a publi�, entre autres, Les prisons de la mis�re [6], voil� comment il d�crit cette tendance toujours plus prononc�e � une gestion polici�re et p�nale de l’exclusion (mensuel Combat Face au SIDA n°34, d�cembre 2003) : [1] En entier : Comit� europ�en pour la Pr�vention de la Torture et des peines ou traitements inhumains ou d�gradants. [2] Le Cherche Midi �diteur, 2000. [3] 77% de r�cidive chez les mineurs. [4] le taux d’exemption de peine pour cause d’irresponsabilit� p�nale est pass� de 16% il y a 20 ans � 0,4% aujourd’hui. [5] Pierre B�dier a d�missionn� en janvier 2004 apr�s sa mis en examen pour corruption passive et recel d’abus de biens sociaux. [6] Raisons d’agir, 1999.
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