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.:: JUSTICE ET INJUSTICES ::.

 

 

 

 

 
COMPTE RENDU D’AUDIENCE AU TRIBUNAL DE TOULON.
"Racailles !"
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mardi 8 octobre 2002

par Gilles Suchey

Cher lecteur basan�, r�sident de l’agglom�ration toulonnaise ou de passage en ces lieux, nous te d�conseillons vivement les r�f�rences publiques � Ben Laden. Surtout quand l’ambiance est tendue. Surtout quand la police est dans les parages. A moins de tenir absolument � ce que les magistrats du cru reconnaissent en toi un membre d’Al Qaida.

a sc�ne se passe dans un restaurant hy�rois, un soir d’ao�t 2002. Trois Fran�ais d’origine maghr�bine d�nent en famille. A la fin d’un repas longuement savour� et bien arros�, l’un d’eux r�clame la tourn�e du patron mais se voit opposer un refus. Le ton et les gestes prennent de l’ampleur, et le restaurateur convoque la police. Alors, avant que la cavalerie n’intervienne, les perturbateurs r�glent leur d�, s’approprient peut-�tre deux bouteilles plac�es sur le comptoir et disparaissent. L’incident pourrait ainsi trouver son terme s’ils ne constataient, en s’�loignant du resto, la disparition d’une paire de lunettes sans doute oubli�e l�-bas. Voil� qui justifie un demi-tour...

Lundi 9 septembre 2002. Les trois f�cheux sont admis au tribunal. Aimablement h�berg�s par l’administration depuis pr�s d’un mois, ils viennent d’emprunter sous escorte le fameux tunnel qui relie la prison Saint Roch au Palais de justice. On va les juger pour outrage � repr�sentants de l’ordre public et r�bellion en r�union. Car la soir�e d’�t� s’est mal termin�e : impossible de mettre la main sur ces foutues lunettes ! Ni sur la table, ni sur le comptoir, nulle part ! Alors les insultes ont fus�, visant le restaurateur, quelques clients... Et accessoirement la police, arriv�e entretemps. Le d�nouement �tait pr�visible : interpellation houleuse des fauteurs de trouble, panier � salade, garde � vue, zonzon.

*

L’audience commence toujours de la mani�re suivante : le pr�sident du tribunal �voque les faits consign�s dans les proc�s-verbaux, �coute les t�moignages des pr�venus. Il s’autorise aussi quelques commentaires [1]. La partie civile est repr�sent�e par deux CRS ayant particip� aux agapes de la soir�e estivale. S’ils restent silencieux, leur avocat s’en donne � coeur joie. Ainsi, on apprendra que les membres de la brigade anti-criminalit� ici pr�sents, « choqu�s par l’agressivit� et la violence des individus », ont b�n�fici� d’une ITT � la suite de l’interpellation. Deux jours pour l’un, Trente-deux pour l’autre. « Il a fallu plus de cinq minutes pour menotter l’un de ceux-l� », temp�te l’avocat en d�signant les pr�venus, comptables selon lui « d’une violence inou�e ». « Le but de ces personnes �tait m�me de d�truire les ge�les dans lesquelles elles �taient », puisqu’on a constat� le bris de vitres d’une cellule ! « Quand on conna�t la profession de deux d’entre eux - agents de s�curit� -, on reste interloqu� de la mani�re dont ils se comportent ». Le magistrat, tr�s remont�, �num�re les insultes apparemment prof�r�es ce soir l� : « encul�s de flics », « je vous nique tous », « il faut br�ler tous les juifs », et surtout : « Ben Laden n’en a pas tu� assez ! » A l’avant-veille d’un triste anniversaire, la partie civile estime n�cessaire de rebondir sur ces derniers propos : « Quand ils prennent les bouteilles sur le comptoir... Ce n’est pas pour leur valeur, mais pour rester ma�tres de la situation ! Ils se comportent en dominateurs ! Un syndrome qui fait qu’on en appelle � ce monsieur Ben Laden. » « Ca ne peut pas se supporter ! Il y en assez ! Ce dossier rev�t un caract�re de gravit� totale ! »

Le terrorisme est aussi capable d’inspirer le minist�re public, succ�dant aux avocats de la partie civile : « ce sont des faits trop fr�quents, il suffit de voir des policiers subir des outrages ! » « Monsieur le pr�sident, vous avez affaire � de la racaille, � des gens qui ne veulent pas accepter les r�gles, ni respecter les gens qui sont cens�s les faire respecter. » « C’est un �tat d’esprit insurrectionnel !! » Outr�e au point d’en commettre un lapsus, la procureure conclut son r�quisitoire en demandant des peines allant, selon les pr�venus, de 12 mois �... « 15 ans, euh, non pardon, 15 mois de prison ferme... Vous remarquerez � quel point je consid�re la gravit� de ce dossier. »

« Il faut en toutes choses proportions garder ! » L’avocat de la d�fense prend la parole et relativise aussit�t les propos passionnels de ses coll�gues. Certes, les pr�venus ne sont pas laiss�s interpeller dans la joie et la bonne humeur. Pour autant, un rapport policier constate que « sur les trois, deux n’ont pas port� de coups. » Certes, les pr�venus ont bris� les vitres de leur cellule. Mais le PV de la garde � vue mentionne une proc�dure d�crite par la d�fense comme « tout � fait inhabituelle » : on les a « menott�s, d�chauss�s », et surtout, « gaz�s au lacrymo. » Respirer un peu d’air frais, une raison pour laquelle il peut sembler n�cessaire de casser une vitre. Puis l’avocat s’en prend � la procureure, lui rappelle la raison d’�tre de ce proc�s : « la loi r�prime l’insulte publique. » La repr�sentante du minist�re public ne vient-elle pas, elle-m�me, d’insulter des gens en r�union publique ? Ne vient-elle pas de traiter les pr�venus de « racaille » ? « Il n’est pas de respect de la loi, si ceux qui sont en charge de ce respect ne la respectent pas ! » Enfin, la plaidoirie s’ach�ve en r�f�rence � "l’�tat d’esprit insurrectionnel". « J’entendais que vous faisiez de mon client une esp�ce de Ben Laden ou d’ayatollah ». Quid du pass� militaire du pr�venu, cinq ans de l�gion dont un voyage dans le Golfe � la grande �poque, au d�but des ann�es 90 ?

Mais on cause, on cause, et le temps passe ! C’est l’heure de se restaurer, la Cour rendra son jugement apr�s le caf�.

*

La sentence est tomb�e : un an de prison ferme pour celui qui s’est trop d�battu, 9 mois pour son copain plus calme. Le troisi�me larron est relax�, non pas qu’il soit reconnu innocent des faits total-graves dont il est ici question, mais parce que les autorit�s ont simplement oubli� de lui octroyer l’assistance d’un avocat lors de la premi�re heure de garde � vue. C’est ballot, tout de m�me !


[1] « Ah oui, vous �tiez mort. » « Je vois, vous �tes une victime de la barbarie polici�re ». Propos du pr�sident du tribunal, � l’encontre d’un pr�venu qui tente d’�num�rer les coups re�us lors de l’interpellation. Plus tard, le m�me pr�sident �coutera sans arri�re pens�e les plaidoiries qui l’autorisent � juger une affaire.



> "Racailles !"
21 novembre 2004, par   [retour au début des forums]

comme cela fait plaisir de tomber sur 1 site d�couvert au sallon du livres sammedi places d’Armes toulon ; c’est mon premier contac sur 1 sitelocal de l’aire toulonnais est j’ aime bien votre �criture y adu Malcom la barbaries est oui mon fr�re on nous � pas dit quand il passe � Tabas sur les racailles comme ils disent pendant la plaidoirie les accus�s ballance tout est il ya pas preuves d’actes la plice � fait son taf c’est courant � St denis c’est pareille , alors stop � la barbaries l’ordre publics est en causes dans la fonction , comme disais martin Luther K ing on ira m�mes en prison ensemble mon fr�re... , la r�ponse c’st que le myst�re n’est jamais d�voill�, encore un bout de papier qui � la poubelle affaires class�e .

> "Racailles !"
22 octobre 2004   [retour au début des forums]

1 an de prison pour un fran�ais pour des propos d’homme ivre ! C’est cher pay� et m�pris� le pass� de cet homme. On a fait de m�me pour les arquis et les africains s�n�galais. De l� � dire que les tribunaux ne dirait rien pour un propos hitl�rien, j’en suis beaucoup moins s�r.

> "Racailles !"
13 novembre 2002   [retour au début des forums]

Ou voulez vous en venir ?

Que proposez vous ?

En tous les cas merci d’avoir racont� cette histoire.

  • reflechissons
    29 mars 2003, par   [retour au début des forums]
    Cette histoire est symptomatique de ce qui se passe des millions de fois par jour en France, j’ai nomm� l’identification a ben laden par une jeunesse issue de l’immigration magrh�bine qui ne r�ussit pas dans la vie mais ne fait pas trop d’effort non plus pour cela. Alors evidemment un an de prison c’est choquant mais ne crions pas au racisme, que dirais t on si un grand blond faisait r�f�rence � hitler ?

    • > reflechissons
      16 avril 2003, par   [retour au début des forums]

      On dirait que c’est pas bien.

      Cher Anti-d�mago, bient�t le 21 avril. Joyeux anniversaire !

      • > reflechissons
        22 juin 2003, par   [retour au début des forums]

        Chez Unit� Radicale ils auraient bien voulu qu’on ne fasse pas davantage que leur dire "c’est pas bien"...

        Cher anti-anti-d�mago, avec le recul (le petit a d�j� un an), je me dis que l’accouchement a du bien vous faire transpirer...

  • > "Racailles !"
    21 novembre 2004   [retour au début des forums]
    J’en reviens ou la barbaries humaines ne cesse d’augmenter on appuie sur la gachette comme quand tu d�mare ta caisse, alors j’encaisse est je d�compresse avec des gens qui proposerais des lois sur des preuves filmer sur chaque interpellations dans des services de police, au moins nous aurons la preuve fim�... au states ils sont film�es pas tout les �tats est lavocat il arrive en 1h pour l’accus�, par contre l’acte comi s des 3 gadjo je prend pas cela en consid�ration mr B.laden , je suis d’origine d’alg�rie n� en France ancien d�l�gu� en 89:92 S.O.S racisme , n’oublions les massacres d’alg�ries g�nocide tout les tranfert d’argents de ces tueries M.LADEN c’est un scandale