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LETTRE D'INFORMATION |

Le petit bal des pères la pudeur

lundi 25 septembre 2006

par Olivier Vermert

Protégeons la jeunesse de France ! Prévenons la concupiscence, interdisons les revues licencieuses !
A mort "Six-Fours magazine" !

L’affaire : le bulletin municipal de la ville de Six-Fours publie dans son édition de septembre un appel à participer au "Prix jeunes talents" distinguant chaque année, à l’occasion du festival d’Angoulême, un auteur de bande dessinée qui n’a jamais été édité.
Une planche de BD vient illustrer l’article, 24 vignettes sans indication de source ni autre forme de commentaire. Rien de bien méchant a priori mais voilà : d’innocents petits enfants dont chacun sait qu’ils dévorent les bulletins municipaux tellement c’est de la balle se mettent à pleurer, pisser au lit ou se tirer le zizi après avoir eu la page sous les yeux. Surtout, quelques adultes s’étranglent en en découvrant le contenu (à l’aide d’une loupe car les vignettes de la planche sont réduites à des timbres poste d’environ 2x2cm), rapidement qualifié d’« obscène ». Des « associations de parents d’élèves », comme dit la presse locale, montent au créneau. Var matin consacre trois quarts de page au dossier. Le maire Jean-Sébastien Vialatte est navré et l’opposition indignée. L’édition électronique du bulletin municipal de septembre caviarde la fameuse planche, celle d’octobre présente les excuses « réitérées » de Vialatte.

: Six-Fours magazine, septembre. Avant.

: Var matin, 20 septembre.

: Six-Fours magazine, septembre. Après.

: Six-Fours magazine, octobre.

Mais qu’est-ce ?

Cette bande dessinée met en scène un bonhomme sur le point d’acheter une baguette de pain. Il marche dans la rue, il est habillé (forcément, dans la rue). Sur le chemin de la boulangerie, ses pensées tournent au fantasme. Le bonhomme rêve un acte sexuel dont il serait le maître d’oeuvre. Les bulles se gonflent d’onomatopées et de quelques formules prêtes-à-l’emploi, caricaturales dans leur vulgarité misogyne (notons que cette misogynie ne sera absolument pas le sujet de l’indignation collective).

A ce stade, il nous semble opportun de préciser le nom du dessinateur puisque ni le bulletin municipal ni la presse locale n’ont pris soin de le faire — à aucun moment.
Samuel Teller a remporté en 2005 le deuxième prix de l’opération "jeunes talents". Peut-être le jury a-t-il apprécié l’idée générale de sa planche, cette charge contre les stéréotypes (télévisuels) qui formatent le désir et perturbent l’apprentissage sexuel des adolescents. Le propos est d’autant plus efficace que les pensées sont crûment déconnectées de la réalité. Le bonhomme marche dans la rue sans se départir d’un sourire idiot. Il rêve une vie manifestement très éloignée de la sienne : ben oui, cette BD inoffensive s’adresse aux ados.

L’opération jeunes talents est placée sous la tutelle du Ministère de la Jeunesse et des Sports via le dispositif "Envie d’écrire".
Le travail de Teller et celui de dix-neuf autres débutants fut l’an passé l’objet d’une exposition inaugurée par le directeur de cabinet du Ministre Jean-François Lamour. Une photo en témoigne, sur la page où le service de com’ de Six-Fours a trouvé la planche de la honte. Vérifiez par vous mêmes, profitez-en pour lire la BD incriminée dans son intégralité, tant que les lauréats 2006 n’auront pas chassé la cuvée précédente.

: Oh mon Dieu ! Mais n’est-ce pas la planche de la honte, au fond, derrière le pornocrate du ministère ?

L’analyse à hauteur de braguette, c’est si bon

Alors bien sûr, si le débat portait uniquement sur la légitimité d’inscrire cette planche dans un bulletin municipal, peut-être serait-il acceptable. Mais on n’en est pas là. Journalistes, politiques : c’est le choeur des vierges effarouchées, la sarabande des bien-pensants.

Il y a ceux qui ne voient le monde qu’à travers le prisme du poil et de la couille.
Il y a ceux qui veulent croire que les mômes de quatorze ans, quand ils lisent, se limitent à Bob Morane ou le Club des cinq, Boule et Bill et les Schtroumpfs.
Viennent ensuite les hypocrites : le cul et l’outrage, c’est bon pour le commerce.

Var matin, 17 septembre :
« "Ah ! Quelle chose merveilleuse que le sexe !" La première réplique de la bande dessinée publiée page 8 du bulletin municipal de septembre a de quoi interloquer. Avant même d’aller plus loin, on ne peut que vous conseiller d’éloigner au plus vite ce numéro de la table familiale du salon. Car la suite est du niveau des dialogues d’un mauvais film X, avec une succession de graveleuses métaphores culinaires ou militaires. Du jamais vu dans une revue municipale, où il paraît impensable que le document ait échappé à la relecture à tous les niveaux de fabrication. Le comble est que cette (déjà) fameuse BD illustre un article sur le prix jeunes talents 2006 invitant les 17 ans ou plus à participer à un concours. Dans une page intitulée "cultivons-nous, ici et là..." Plutôt ailleurs. »

Var matin, 20 septembre :
« Dès la première bulle le ton est donné [...] "Ah ! Quelle chose merveilleuse que le sexe !" Le reste est à l’avenant, enrichi d’obscénités de grand cru. Mineurs et midinettes s’abstenir. Si au comptoir de quelques établissements ce chef-d’oeuvre de finesse prête à sourire, tel n’est pas le cas partout. A commencer par certains parents et autres représentants d’associations de parents d’élèves qui, choqués qu’une telle "horreur" ait pu paraître dans la brochure municipale, en rient encore jaune ».

Le maire UMP de Six-Fours Jean-Sébastien Vialatte, toujours dans Var matin :
« je suis navré et choqué par les propos qui apparaissent dans la BD. Je suis moi-même père et grand-père et comprends d’autant mieux les réactions des gens à ce sujet ». Et si tu étais arrière-grand-père, tu comprendrais encore mieux ?

Et l’opposition s’engouffre dans la braguette, une bonne occasion de s’indigner : Erik Tamburi, par exemple, est un grand garçon qui fait de la politique (UDF) à Six-Fours. Une victoire : s’être fait insulté par Vialatte lors d’un Conseil municipal, avoir porté plainte et obtenu réparation. Un programme : Tamburi faxe tous les jours à Var matin le communiqué de presse qu’il a rédigé pendant la grosse commission. Voici la fournée du 18 septembre : « [Je demande à Jean-Sébastien Vialatte] des excuses auprès des nombreuses familles dont les enfants ont pu lire cette prose réservée aux adultes, et qui ont été choquées [...] Décidément, suite à ses propos insanes au conseil municipal, M. Vialatte se complaît dans ce genre de choses ».

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Le petit bal des pères la pudeur 11 mars 2008, par

Bonsoir, Tout en me "balladant sur" internet,ce soir du 11 mars 2008, je vois ti pas queq chose qui attire mon attention... je lis .... et, je me dit apres que : les mots EXPRIMENT, ils n’apprennent RIEN ! M....francais ! Plus prudes dans les revues, que sur internet... Signé : v.Picard

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Monsieur VIALATTE est un irresponsable ! 9 novembre 2006, par

Le directeur de cette publication, Monsieur VIALATTE, a préféré sanctionner le personnel plutôt que d’assumer. Ce n’est pas la première fois. Cette BD n’est pas choquante si l’on décide de rebaptiser "Six-Fours Magazine" en "Fluide Glacial à Six-Fours" ou "L’Echo six-fournais des savanes". Mais ce journal communal n’a pas vocation a accompagner les dérives mysogines actuelles de notre société. Sur un plan strictement légal, c’est une BD d’apparence innocente qui n’a pas alerté les parents mais a pu être percue par des mineurs (d’ailleurs, ça leur était destiné) et qui tombe sous le coup du code pénal puisque les bulles étaient assez porno Monsieur VIALATTE, à force de cumuler les mandats, vous ne contrôlez plus ce qui se passe dans votre mairie. Mais c’est bien vous le responsable.

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Bravo Monsieur le député 22 octobre 2006, par

Une curieuse façon de marquer son territoire... Note à lire sur "l’image des femmes"

Bravo Monsieur le député

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Jean-Sébastien VIALATTE, Député Maire. BD dégradante pour la Ville Six-Fours-les-Plages 20 octobre 2006, par

Monsieur le Député Maire, s’agissant de votre communiqué de presse, il n’était pas utile, sauf, vous donner bonne conscience, d’impliquer dans votre communiqué de presse paru dans "Six-Fours-Magazine", d’autres personnes ayant lu et "relu" (preuves d’incompétences avouées) dont la votre, puisque vous êtes le seul responsable de la diffusion de documents externes. " Rien n’a pu attirer notre attention" !! C’est regrettable. Dés lors, il est permis de se poser des questions quant à d’autres décisions...prises de manière collègiale, bien entendu !! Dolorès BAUDELOT

LE PETIT BAL DES PERES LA PUDEUR

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archeotype de l’ obscenite 2 octobre 2006, par (4 r?ponses)
je suis tres en colere de voir qu’ on soutienne au nom de la liberté d’ expression la mise en scene de rapports homme femme aussi detestables.

je lis dans les bulles " grosse chienne affamée , carre la toi bien au fond tu jutes petite pute ", pour moi en tant qu’homme ce genre de fantasme minable de petit dictateur de chambre a coucher ou de parkings de discotheque me semble pitoyable.

Ce n’est pas la nudité ou la vision d’ un acte sexuel qui me degoute mais ces sterotypes de femmes a qui l’ on enfile tout et n’ importe quoi que l’ on gifle que l’ on fouette etc

On est sur de rapports ou l on doit se servir de la femme comme d’ un objet a maltraiter si possible

il n’ y a pas de second degre qui tienne , si la liberté d’ expression c’ est une pornographie qui met en scène des femmes humiliées torturées méprisées.

pour terminer cher olivier , laisserais tu une bd avec ce genre de texte a lire a un enfant de 10 a 12 ans

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- Archétype : oui, justement ! 2 octobre 2006, par
  
  dont acte. Mais as-tu lu la BD dans son ensemble ?
  
  Déjà, je t’en sais gré, tu recentres le débat et tu évoques la mysoginie du propos. Tu es hélas le seul à le faire (j’en parle dans l’article).
  
  Cette BD s’adresse-t-elle à des minots de 10 ans ? Non. Mais je pense qu’on peut montrer beaucoup de choses à des gamins, à partir du moment où on les accompagne, où on décrypte, où on explique.
  
  Cette BD devait-elle figurer dans le bulletin municipal ? Non, sans doute, en tout cas certainement pas sous cette forme nue, sans commentaire ni précision. un copier-coller, ça évite de se fatiguer les neurones.
  
  Cette BD peut-elle être lue par des mineurs sans qu’ils sombrent dans le stupre et le mépris de la femme ? Oui, puisqu’à mon sens, voilà tout le propos de la planche.
  
  On sert aux mineurs des choses infiniment plus salaces et d’une manière bien plus hypocrite, de façon quotidienne, qui conditionnent leur rapport aux autres — aux femmes donc — et à la vie. La BD dit : regardez, c’est n’importe quoi. Je redis ce qui est peut-être mal exprimé dans l’article : où crois-tu que le personnage va chercher ses "figures allégoriques", la vulgarité et le machisme afférant ? Compte les bimbos ("humiliées " ? "méprisées" ?) qui servent de faire valoir à des présentateurs plus très frais dans des émissions télévisuelles avilissantes, et tu verras où se situe la vraie pornographie. Celle qui n’offusque pas nos pères la pudeur, qu’ils soient parents ou grand-parents, élus UDF ou journalistes en quête de racolage.
  
  Et aussi : combien de gens lisent la pub municipale avant de la mettre au pilon ? Par extension, combien de minots ?
  
  Par contre, n’en doutons pas, cette indignation collective aura permis à certains de se fendre d’une fouille de la poubelle pour vérifier si ce qu’ils disaient dans le journal était vraiment vrai.
  
  Cela dit, cette planche n’est pas un chef d’oeuvre. Et je ne fais aucun jugement de bon goût quand j’écris ça. Les références sur le fond et la forme sont trop visibles (Robert Crumb), et la forme est justement discutable, trop lourde. on sent bien que le type qui a dessiné ça est un peu... jeune.
  
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- ArchéOtype ? 23 octobre 2006, par
  
  La bande dessinée a aujourd’hui une conscience politique & humaniste affirmée & n’hésite pas à pointer du pinceau les torts & travers de notre société.
  
  Ici, une fois de plus, ce sont les fantasmes égrénés par notre bonne vieille télévision qui sont critiqués (vignette 19 : « C’est mieux qu’à la télé, hein ? »), d’une manière certes violente, donc efficace ; notamment de par le contraste entre le bonhomme & ses pensées.
  
  & c’est là tout le talent de l’auteur : derrière la banalité & les sourires quotidiens se cachent évidemment des envies, des désirs, bien naturels au départ mais aisément exhortés par des images vues & revues (merci la pub) à la télévision. Ça ne sert à rien de le nier.
  
  Le fantasme de Samuel Teller n’est certainement pas de hurler à des femmes « grosse chienne affamée », mais plutôt de savoir avec certitude que son propos trouvera un lectorat possédant l’intelligence nécessaire & assez de discernement pour déceler ses véritables intentions d’auteur.
  
  C’est pourquoi oui, peut-être qu’un enfant seul n’est pas à mettre devant cette page mais, à l’instar d’OV, je pense que c’est l’occasion de lui montrer qu’une bédé aujourd’hui ce n’est pas que Mickey (autrement plus misogyne & vulgaire à bien des égards - j’ai déjà développé ces points sur un autre forum), qu’il faut savoir en décoder le sens & que si, BIEN SÛR, il peut y avoir un deuxième degré & c’est ce qui fait la force du propos.
  
  Mes gamins devant cette page oui, devant un quart d’heure de publicité, non.
  
  —
  
  P.-S. : QUI lit ces bulletins municipaux ?
  
  P.P.-S : Aha, très bon choix, M. Vermert, de conclure l’article avec cette vignette qui se gausse.
  
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L’obscènité n’est pas toujours là où on croit 2 octobre 2006

A quand le puritanisme à l’américaine ?... On en prend le chemin.

Vous remarquerez qu’à contrario cela ne choque personne que des enfants et des adolescents puissent être confrontés quotidiennement à la violence sociale sous toutes ses formes : compétition, marche ou crève, précarité&chômage, fins de mois (très) difficiles, stigmatisation liée aux origines géographiques et sociales etc...

La nouvelle pauvreté qui touche des millions d’enfants et d’ado ne fait - elle - pas la une des journaux.

Il est tellement plus facile de pousser des cris d’orfraie devant des bulles de BD : "Rendez-vous compte, ma bonne dame, notre belle jeunesse doit être gardée à l’abri de ces horreurs, elle doit pousser droit !". Les horreurs ne sont pas là où on croit, et notre jeunesse pousse comme elle peut, de travers, en esquivant les coups... cela depuis bien plus longtemps que ne l’imaginent ces vertueux parents d’élèves et cette-fois ci, dans un silence assourdissant.

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De drotie ou de droite 2 octobre 2006, par (1 r?ponse)
Une chose est sûre, quel soit de droite ou de droite, la scène politique de la Seyne ressemble plus a une cour d’école primaire qu’à un débat raisonné digne de la délégation démocratique dans laquelle elle est censée se draper.

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- tout droit ou a droite...peu importe,au bout c’est le mur ! 3 octobre 2006, par
  
  Il s’agit de six-fours, ici...mais bon, c’est du pareil au même ! l’état d’esprit est voisin, malheureusement
  
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