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LETTRE D'INFORMATION |

Falco et la s�curit� nucl�aire : « n’affolons pas les foules, mais un peu quand m�me »

dimanche 30 janvier 2005
par Olivier Vermert
Toulon, vendredi 28 janvier 2005, conseil municipal.
L’ordre du jour permet enfin � l’opposition de s’exprimer sur le tr�s contestable projet "Jaur�guiberry".
Le maire, mal � l’aise, pr�sente un axe de d�fense approximatif et quelque peu inqui�tant.

RAPPEL de la situation : le Conseil g�n�ral du Var et la ville de Toulon cofinancent un chantier d’une trentaine de millions d’euros. Il s’agit d’�lever un palais omnisports sur le site de l’ancien stade Jaur�guiberry, � l’entr�e ouest de la commune. Capacit� de 4700 places. Le complexe pourra aussi servir de gymnase pour les activit�s scolaires.
Probl�me : on le construit en plein cercle d’urgence nucl�aire, � quelques centaines de m�tres du quai d’accueil des six SNA [1] dont dispose la Marine nationale.

Le secr�taire f�d�ral du parti socialiste Robert Alfonsi ouvre le bal des inqui�tudes. Le chantier du complexe Jaur�guiberry s’inscrirait « en zone Seveso 2 » contrairement aux principes de la loi dite Bachelot (relative � la pr�vention des risques technologiques). Les autorit�s n’ont-elles pas �t� un peu l�g�res sur les autorisations ? « Monsieur le maire, est-on blind� juridiquement ? »

On aura mal renseign� l’�lu socialiste. Car il n’y a pas d’�tablissement class� Seveso 2 � Toulon, pour la simple raison que les sites militaires �chappent au champ d’application de cette directive... Tout comme les installations nucl�aires.
A sa d�charge, on notera qu’aucun expert du banc adverse ne saura lui opposer (en s�ance publique en tout cas) ces dispositions l�gales pourtant accessibles � n’importe quel coll�gien sachant se servir d’un mulot.
Mais que l’arsenal �chappe � la norme Seveso 2 ne justifie en rien l’opportunit� du chantier, et n’ouvre certainement pas le secteur � la sp�culation immobili�re. Si l’on peut se poser des questions d’ordre juridique, comme le fait Alfonsi, c’est bien parce que le probl�me rel�ve de la s�curit� et de la sant� publiques.

Monsieur le maire est agac�. Surpris, d��u que le leader de l’opposition (d’habitude si gentil ?) reprenne � son compte des colportages de rumeurs alarmistes. Il explique que la passerelle enjambant l’autoroute servirait � �vacuer le site « en moins de 3 heures », et que de toute fa�on, en cas d’accident, la contamination par radioactivit� s’�tendrait bien au del� de la halle des sports et du quartier Bon Rencontre, voire m�me de Toulon ! Et comme l’�dile veut « jouer la transparence » jusqu’au bout, il pr�cise qu’un coll�ge et des installations sportives se trouvent d�j� dans la zone incrimin�e [2] !

« S’il y a risque nucl�aire, il est valable pour toute la ville de Toulon ! » s’emporte donc l’ancien sous-ministre � la Sant�.
Dans le genre on avait aussi : « de toute fa�on, il faut bien crever de quelque chose », mais Pomponnette la garde pour une prochaine fois.

Entre nier le risque (car les pouvoirs publics sont vigilants), et postuler que l’accident ne pourrait �tre que total (« car l’enceinte de l’arsenal ne saurait arr�ter un nuage radioactif »), il y a un pas que le maire franchit selon son interlocuteur et l’humeur du jour. Le catastrophisme sert � justifier le chantier �lev� dans un p�rim�tre d’urgence nucl�aire. Une fa�on de montrer qu’ici ou un peu plus loin, c’est la m�me chose.
Cuverville n’aurait jamais d� animer le spectre de Tchernobyl pour bousculer les consciences toulonnaises : certains de ses plus �minents lecteurs sont apparemment incapables de discernement.

Quid des simulations d’accident organis�es par l’arm�e, telles Dramont en octobre 2004 qui s’�tait achev�e sur une poign�e de morts et quelques dizaines de contaminations, toutes restreintes au domaine militaire ? Quand le maire lui-m�me balaie ces restrictions, �a la fout mal !

Quid des travaux de la DDE [3] et des autorit�s de surveillance qui ont pris soin d’�laborer un PPI, Plan Particulier d’Intervention, et de d�limiter des cercles d’urgence restreints ? Quand le maire lui-m�me balaie ces restrictions, �a la fout mal !

Quid de la hi�rarchisation des risques ? La pr�fecture d�finit ainsi le cercle d’urgence : « le p�rim�tre de danger imm�diat correspond � la zone o� la contamination peut entra�ner des cons�quences n�fastes sur la glande thyro�de selon les normes de l’agence internationale pour l’�nergie atomique (AIEA) et la commission internationale de protection radiologique » [4]. Et Falco Hubert justifiait encore r�cemment l’�laboration du DICRIM, Dossier d’Information Communal sur les RIsques Majeurs, en ces termes : « il arrive que certaines personnes soient victimes parce qu’elles s’exposent inutilement, sans conscience du danger ».

« S’il y a risque nucl�aire, il est valable pour toute la ville de Toulon » : une fa�on comme une autre d’ajouter � la confusion et au fantasme g�n�ral, et surtout de noyer le poisson. Un peu plus tard, Falco affirmera son d�sir de ne pas affoler les populations... Cherchez la coh�rence.

Revenons au Conseil. Robert Alfonsi tend le relais � la communiste Madeleine Brun qui choisit l’aspect financier comme nouvel angle d’attaque. Le maire lui coupera sans cesse la parole, toujours plus �nerv� et sans doute pas tr�s satisfait de sa propre intervention, il op�rera un curieux transfert en accusant l’�lue de dire des « ï¿½normit�s », voire des « ï¿½neries ».

Enfin, quand le Vert Jean-Louis Marfaing porte l’estocade en demandant l’extension du PPI � toute l’agglom�ration et une simulation d’un accident nucl�aire impliquant la population civile, Huberman n’�coute d�j� plus, les yeux riv�s sur le prochain dossier parce qu’il n’a pas que �a � foutre. Ce soir c’est l’anniversaire du petit Nicolas et il faut qu’il lui trouve un cadeau vite fait.
Qu’on en termine avec ce d�testable conseil municipal.

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[1] Sous-marins d’attaque, � propulsion nucl�aire.

[2] Ce n’est pas pour en tirer gloriole mais... Cuverville a r�v�l� cette curiosit� topographique en octobre 2004. La transparence, ce serait bien de la pratiquer avant que la presse ne braque ses projecteurs vers des secteurs jusque-l� rest�s dans l’ombre.

[3] Direction D�partementale de l’Equipement.

[4] Pierre-Etienne Bisch, pr�fet du Var, entretien avec Var matin, 12 d�cembre 2002.

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