DIX-HUIT f�vrier 2005. Sous un titre parfaitement objectif quoique l�g�rement approximatif au niveau de la syntaxe, « Jaur�guiberry : pas plus � risque qu’� Mayol », Var matin voudrait apaiser ses lecteurs inquiets [1] en reprenant les mots sucr�s du maire de Toulon.
« Interrog� longuement, hier matin lors de sa seconde visite officielle, sur le chantier du Palais omnisports Jaur�guiberry, le s�nateur-maire Hubert Falco a tenu � minimiser les risques - et les inqui�tudes - sur le choix du site du complexe sportif. Inqui�tudes (exprim�es par des Toulonnais et des �lus d’opposition) li�es � la proximit� du porte-avions de Gaule [sic] et des sous-marins � propulsion nucl�aire. L’�lu a martel� : "le site est dans Toulon, il n’est pas plus � risque que le Faron, que le coll�ge � proximit� ou encore que le stade Mayol (...). Le risque a �t� �valu�, la salle a �t� construite en fonction de ce risque, la passerelle permet l’�vacuation de 5000 personnes en une heure et des pastilles d’iode sont � disposition ».
On commence � s’habituer � la rengaine selon laquelle, � Toulon, �a craint partout de la m�me mani�re puisque tout est « ï¿½ proximit� ».
Et pourtant, tout n’est pas « ï¿½ proximit� » de la m�me mani�re. Le stade Mayol et le mont Faron, par exemple, se trouvent au del� des limites du cercle d’urgence nucl�aire dans lequel est confortablement install� le chantier du palais omnisports. Rappelons bri�vement que le cercle d’urgence a �t� trac� selon « un calcul sur lequel vous avez le maximum de morts », comme nous l’indiquait le sous-pr�fet il y a tout juste une semaine. On �vitera donc d’en parler, et de mettre ceci en rapport avec les objectifs de la loi Bachelot, venue renforcer la l�gislation pr�existante en mati�re de risque industriel apr�s la catastrophe AZF de Toulouse.
« Le risque a �t� �valu�, la salle a �t� construite en fonction de ce risque ». Des murs de deux m�tres de large ? Pas de surface vitr�e ? Des portes en plomb ?
« Les chaufferies nucl�aires des sous-marins et du porte-avions sont arr�t�es lorsque les b�timents sont au port. C’est en mer que le risque peut exister », a rench�ri le pr�fet maritime. Car c’est bien connu, ces bateaux d�marrent et s’arr�tent comme une Twingo. Un cr�neau sur le quai Missiessy, on coupe le contact et hop, on peut aller s’en jeter un petit au troquet du coin. A se demander d’ailleurs pourquoi la simulation d’un accident nucl�aire, organis�e par les autorit�s en octobre dernier, s’est faite � quai... Ils n’ont pas invit� le pr�fet maritime, ou quoi ?

Mais le plus int�ressant consiste en cet aveu du maire : « la salle a �t� construite en toute transparence. Le permis de construire est un permis d’Etat, ce n’est pas le maire qui l’a sign� ». Propos � rapprocher de ceux du sous-pr�fet arc-bout� derri�re le principe de cin�tique lente : « ce n’est pas la pr�fecture qui l’a d�cid�, c’est encore moins les militaires, ce sont des organismes d�ment agr��s qui ont �t� charg�s de valider les dossiers ». Traduction : tout va bien, mais si des fois quelque association venait � nous chercher des poux dans la t�te, sachez que ni la Ville de Toulon, ni la Pr�fecture du Var, ni le Minist�re de la d�fense ne sont responsables. Vers qui va-t-on pouvoir se retourner, alors ? Molinari ?

[1] On notera que pour qu’ils aient aujourd’hui une chance d’�tre inquiets, les lecteurs de Var matin auront d� lire autre chose que leur quotidien pr�f�r�, o� jusqu’� pr�sent les articles consacr�s � Jaur�guiberry baignaient dans une b�atitude enthousiaste ayant plus � voir avec la propagande municipale que l’information au sens propre du terme.